Gérald_Cavin

Gérald Cavin, président du comité de la MEB, se prête au jeu de l’interview et nous livre son regard sur la MEB. A conjuguer au passé, présent et futur.

Si tu devais te présenter en trois phrases ?
Je suis marié à Monique, actuellement retraité après une carrière professionnelle dans le génie civile. J’ai un fort engagement dans mon Eglise et à la MEB. Je suis père de deux enfants adultes et grand-père de cinq petites filles

Peux-tu nous raconter comment tu t’es retrouvé à la MEB ?
Pas parce que j’avais un intérêt particulier pour les personnes handicapées de la vue. Ce monde m’était inconnu. Un ami, qui présidait le comité de la MEB, avait besoin d’aide pour des problèmes de transformation d’un bâtiment, puis de fichier informatique… J’ai ainsi découvert les personnes handicapées de la vue, des personnes attachantes, et je suis resté à la MEB. Tout cela a commencé en 1976.

Ton plus beau souvenir après toutes ces années ?
J’en ai beaucoup, mais le plus marquant est certainement l’impression du premier volume de la TOB. Nous avions créé une nouvelle filière de production informatisée, c’était une première, en allant chercher des compétences en France, en Allemagne, à l’EPF-L* et à l’Asile des Aveugles à Lausanne. L’édition de la TOB était aussi le début de l’ouverture de la MEB à l’ensemble des personnes handicapées de vue, issues de la Réforme et catholiques.

La MEB a plus de 60 ans maintenant… une vieille dame ?
J’espère qu’elle est dans la force de l’âge, dans la maturité. Mais je pense qu’elle a gardé un petit grain de folie de l’adolescence qui lui permet d’envisager des nouveaux projets, de nouvelles activités.

Comment définirais-tu le rôle du comité en quelques mots ?
C’est l‘organe supérieur de l’association. Il donne les orientations stratégiques générales et exerce une surveillance bienveillante sur les activités des collaborateurs et les projets qui se développent.

Qu’est-ce qui te motive à œuvrer pour la MEB ?
Au début, ma motivation était de rendre service. Petit à petit, j’ai découvert que mes compétences professionnelles étaient utiles. Aujourd’hui, avec le recul, j’ai la conviction que Dieu m’a appelé à être là. C’est pour moi une motivation suffisante. Mais elle est renforcée par les amitiés qui se sont tissées, par l’appartenance à une équipe qui tire à la même corde. Je m’y sens bien.

Quels sont les principaux défis que rencontre la MEB actuellement selon toi ?
La MEB est un « prestataire de service », elle doit donc constamment s’adapter aux besoins de ceux qu’elle sert, aux évolutions sociologiques et technologiques. Parmi les défis actuels : en Europe, l’adaptation de nos prestations pour les personnes qui perdent la vue tardivement à cause de l’âge ou de la maladie. En Afrique, permettre à nos partenaires d’offrir des prestations de qualité pour favoriser leur financement par des bailleurs suisses toujours plus exigeants, tout en veillant à ce que nos valeurs chrétiennes restent prioritaires. Et d’une manière plus générale, être présent sur Internet et les réseaux sociaux tant en terme de communication que d’accès à nos prestations et intéresser les jeunes générations à notre travail. Je ne dis rien des finances, qui demandent une attention constante, mais pour lesquelles nous sommes profondément reconnaissants.

Si tu pouvais intervenir pour changer une chose à coup de baguette magique, ce serait quoi ?
Ce qui me touche c’est l’ampleur de la tâche en Afrique au vu du nombre de personnes handicapées de la vue. Nous sommes une petite organisation avec des moyens limités, nous assurons par exemple l’éducation de plusieurs centaines d’enfants. Mais si j’avais une baguette magique, je ferais en sorte d’offrir l’accès à l’éducation à des dizaines, voire centaines de milliers d’enfants.

Comment imagines-tu l’avenir de la MEB ?
La MEB occupe une place unique dans la francophonie. Mais cela ne suffit pas à assurer sa pérennité ! J’imagine la MEB poursuivre son service en s’adaptant au fur et à mesure à l’évolution de son environnement. Je l’espère mieux connue dans l’Eglise au sens large, gardant son esprit d’ouverture, fidèle à ses valeurs profondes.

Quel serait le « mot d’ordre » que tu aimerais transmettre à tous ceux qui y travailleront ?
Vous êtes au service de personnes. Elles qui doivent rester en toutes circonstances au centre de vos préoccupations, au cœur de vos réflexions et de vos actions. Ayez toujours à l’esprit cette parole de Jésus  » En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».

Ton mandat de trois ans a été renouvelé… est-ce que nous aurons l’occasion de faire un voyage ensemble pendant cette période ?
J’ai souvent espéré faire un voyage avec notre secrétaire général, mais ça ne s’est jamais concrétisé. A l’époque, surtout à cause de mes activités professionnelles. Ensuite, il y a eu moins d’occasions. J’y ai fait un voyage à titre plus personnel, profitant d’un voyage professionnel en Côte d’Ivoire ; j’ai eu l’occasion de visiter notre partenaire là-bas. Je reste ouvert.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
Priez pour la MEB. C’est une des clés du travail, du fait que les choses se passent bien, que les finances sont saines. Cela est dû au fait que beaucoup de monde prie pour la MEB.

*Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne

Propos recueillis par Thoma Vuilleumier