Burkina_faso_Siloe

Pour ce premier voyage en Afrique depuis ma prise de fonctions en juillet, j’apprécie que le concours de circonstances des priorités m’envoie en terrain connu. Le Burkina est en effet le seul pays d’Afrique que j’aie déjà visité parmi ceux où la MEB est active. J’ai le plaisir d’être accompagnée par Thoma Vuilleumier, qui connaît bien le pays, mais le découvre aussi comme moi sous l’angle de la MEB.

Nous nous réjouissons de rencontrer nos partenaires, car même si les nouvelles technologies facilitent les contacts et rapprochent les gens, rien ne vaut une rencontre en chair et en os ! Un comité d’accueil nous attend à la sortie de l’aéroport, le vendredi 27 septembre : Boubakar Ouédraogo (communément appelé ‘Bouba’), notre coordinateur dans le pays, Lucien Naré, fondateur de l’ASHVB* et administrateur de l’école de Siloé, son assistante Madame Bako, et Pasteur Sam, notre chauffeur.

La mission est courte mais intense, ponctuée de visites de projets, de rencontres et de séances de travail. L’objectif est double : rencontrer les partenaires et préparer le projet d’envergure que la MEB souhaite mener au Burkina Faso au cours des deux prochaines années dans le domaine de l’Education. Une étude a été menée à la fin du premier semestre pour évaluer les cinq écoles soutenues par la MEB : l’école spécialisée de Siloé, à Ouagadougou, et quatre écoles inclusives à Nouna, Tiébélé, Zabré et Zorgho. Cette étude nous a permis de faire le point sur le travail accompli ces dernières années et d’identifier les domaines dans lesquels nous devons investir en vue d’offrir aux enfants handicapés de la vue la meilleure éducation possible.

En vue de mener une réflexion stratégique sur les activités à conduire pour renforcer les cinq écoles, une rencontre a été organisée avec les cinq présidents des associations. Nous nous sommes ainsi retrouvés dans les locaux de l’école de Zorgho, située à deux bonnes heures de route de Ouagadougou. Les échanges ont été constructifs. Les défis à relever étant connus et communs à toutes les écoles, l’accent a été mis sur la recherche de solutions. Les remarques des uns et des autres se sont avérées complémentaires et ont abouti à l’élaboration des quatre critères de base (voir encadré ci-dessous). Chaque école a ensuite pu exprimer ses besoins relatifs à ces quatre domaines spécifiques.

Comment garantir la meilleure éducation possible aux enfants handicapés de la vue?
Il s’agit de fournir aux élèves un environnement adapté à la spécificité de leur handicap :

  • des enseignants motivés et bien formés, qui appliquent des méthodes éducatives appropriées
  • du matériel spécialisé : manuels en braille, tablettes et poinçons, cubarithmes, etc.
  • des infrastructures d’accueil : classes, dortoirs, latrines, cantine
  • des liens étroits avec les instances locales et régionales pour un meilleur appui

Pour garantir un bon équilibre en classe, tant pour les élèves handicapés de la vue que leurs enseignants, sans pénaliser les élèves voyants, il convient de ne pas dépasser 4 élèves handicapés de la vue par classe d’une trentaine d’élèves.

Zorgho, par exemple, n’a que trois salles de classe à disposition. Des locaux servant de bureaux ou de réserves de matériels sont donc reconvertis en salles de classe de fortune pour que les élèves puissent suivre les cours malgré tout. Suite à cette concertation, la décision a été prise de construire trois salles de classe supplémentaires. Les responsables des autres écoles ont pu participer à cette décision et faire part de leur avis sur le meilleur lieu pour la construction.

Nous n’avons pas vu d’élèves malheureusement, et pour cause : la rentrée scolaire n’a lieu qu’au mois d’octobre au Burkina Faso. Pendant cette période de vacances, ce sont les enseignants qui se forment ! En effet, la MEB profite des semaines avant la rentrée pour former les instituteurs concernant les spécificités de l’enseignement auprès d’enfants handicapés de la vue. Nous avons assisté à l’une de ces journées de formation dans les locaux de l’Alliance Biblique à Ouagadougou, où 20 instituteurs provenant des cinq écoles que nous soutenons étaient réunis. Pendant un mois, ils ont approfondi leurs connaissances en enseignement inclusif : méthodes pédagogiques, braille, spécificités du handicap.

Joséphine Naré, la consultante mandatée pour la formation, est très pédagogue et extrêmement motivée à transmettre ses connaissances et sa passion de l’enseignement. Enseignante à la retraite depuis deux ans, elle a poursuivi sa carrière en tant qu’inspectrice de l’Enseignement, pour finir Directrice de l’éducation inclusive au sein du Ministère de l’Enseignement et de l’Alphabétisation (MENA). C’est elle qui a mené l’étude diagnostique de nos cinq écoles, et qui désire ardemment soutenir la MEB dans ses actions au profit de l’éducation inclusive. C’est une alliée en or ! L’entretien que nous avons eu avec elle à l’issue de la journée de formation nous a orientés dans nos réflexions stratégiques, et elle va continuer de nous accompagner tout au long du projet. Notre ambition à terme est de parvenir à intégrer dans les établissements d’enseignement secondaire classiques les élèves handicapés de la vue ayant obtenu leur diplôme de fin d’études primaires (CEP).

C’est au cours de notre dernier jour, vendredi 5 octobre, que nous avons finalement rencontré des élèves en visitant l’école de Siloé, située dans le quartier de Karpala à Ouagadougou. Une véritable haie d’honneur nous attendait dans la grande halle de l’école : élèves et enseignants nous ont accueillis en chantant, accompagnés par le son du cajon. Un moment fort en émotions ! Nous avons repris l’avion le soir-même pour la Suisse, la tête pleine d’idées et de projets pour la visite de l’an prochain…

Un grand merci à Bouba et aux différents partenaires pour leur accueil chaleureux !

*Association pour le Salut des personnes Handicapées de la Vue du Burkina

Alexandrine Meunier