Chantier

Du 4 au 21 juin 2016, je me suis rendue au Congo Brazzaville, l’occasion de vous présenter notre futur projet dans la capitale congolaise.

A peine arrivée dans la capitale verte, je me joins à l’équipe de l’ONG « Viens et Vois » pour repartir dans le quartier de Kintélé, au nord de la ville, afin de visiter le terrain récemment acquis par cette ONG. Ce terrain de 400 m2, situé à côté de la nouvelle université de Brazzaville, devrait accueillir d’ici 2019, la première école inclusive pour enfants voyants et non-voyants de la République du Congo.

Actuellement, le Congo Brazzaville compte 150’930 personnes souffrant de déficience visuelle dont 47’160 personnes atteintes de cécité complète. La République du Congo a signé la Convention Internationale de l’Organisation Mondiale de la Santé « Vision 2020 » en faveur des droits des personnes handicapées de la vue. Cependant, les indications du gouvernement concernant l’accès réel aux services sociaux et éducatifs pour les handicapés de la vue restent faibles. Face au nombre d’enfants aveugles n’ayant pas accès aux bancs de l’école, l’ONG « Viens et Vois », partenaire de la MEB depuis 2006, prévoit de construire une école primaire sur 2 étages permettant d’accueillir 240 enfants, dont 60 en situation de handicap visuel.

Le choix d’une école inclusive plutôt qu’une école spécialisée pour enfants non-voyants n’est pas un hasard. En effet, la MEB a décidé depuis plusieurs années de privilégier la construction d’écoles inclusives permettant notamment une meilleure intégration des enfants handicapés de la vue. Ce choix permet d’une part aux enfants aveugles de côtoyer des enfants voyants au quotidien et, d’autre part, de sensibiliser les enfants voyants et leurs familles au handicap visuel, réduisant ainsi les croyances négatives. Au-delà de constituer le premier pas essentiel à l’intégration des personnes handicapées, l’école inclusive permet de témoigner par l’exemple des capacités des aveugles auprès de l’ensemble de la communauté.

Pour que l’intégration des enfants handicapés de la vue soit réussie, il est important que le nombre d’enfants non-voyants par classe soit limité afin que ceux-ci puissent suivre des cours de qualité. Une école accueillant des enfants aveugles, nécessite aussi la transcription en braille des supports de cours et l’adaptation de matériel spécialisé. Heureusement, sur ce point précis, l’ONG « Viens et Vois » peut compter sur plusieurs membres spécialisés en éducation et en alphabétisation au sein de son comité. C’est le cas de Borel qui a sous sa responsabilité la gestion de 2 centres d’alphabétisation : le premier à Nkayï au centre du pays et le deuxième à Pointe-Noire, la capitale économique du pays.

Afin de mettre en place les premiers jalons de ce beau projet, ma visite poursuivait un double objectif. Premièrement, prendre du temps avec le Comité de « Viens et Vois » afin de réfléchir au fonctionnement de l’école et au bon déroulement du suivi du projet. Deuxièmement, rencontrer les différents cabinets de construction susceptibles d’être choisis.

Lors de la première partie du séjour, Nadja Batista, consultante externe, m’a accompagnée afin d’animer les discussions avec le comité de l’ONG. Sa visite a permis de faire un état des lieux approfondi de l’ONG partenaire, consolidant ainsi les compétences de celle-ci en matière de gestion de projet. Dans un deuxième temps, Raphaël Burkhardt, architecte suisse, m’a rejoint afin de donner son expertise sur le projet et conseiller l’équipe de « Viens et Vois ». Son aide a été fortement appréciée afin de confirmer la qualité du terrain ainsi que dans le choix du cabinet de construction le mieux habilité à remplir ce mandat.

Si la construction de cette école est très importante pour la MEB et l’ONG « Viens et Vois », c’est que celle-ci constitue un pont vers l’avenir pour les enfants handicapés de la vue. Comme le précise Emerson Massa, président de cette ONG , «savoir lire, écrire et compter est la base pour entretenir toute autre activité de revenus ». Or dans des sociétés où l’aide sociale est quasiment inexistante et où les handicapés de la vue sont encore largement discriminés, il est essentiel de pouvoir dès la petite enfance, offrir les meilleures chances d’autonomie aux handicapés de la vue.

Cynthia Guignard