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Au début du mois de décembre 2022, Thoma Vuilleumier et Alexandrine Meunier se sont rendus à Yaoundé pour rendre visite au Club des Jeunes Aveugles Réhabilités du Cameroun (CJARC), partenaire de la MEB dans ce pays. Objectif prioritaire : le suivi du projet SUPEH[1], démarré au début de l’année, et soutenu par la MEB. La visite de cette délégation de la MEB a permis notamment d’appuyer l’organisation partenaire dans ses actions de plaidoyer.

Qu’est-ce que le projet SUPEH ?

Il s’agit de réaliser une base de données nationale numérique destinée à recenser l’ensemble des personnes handicapées du pays, le but étant de favoriser leur soutien par l’Etat et par les différents organismes d’aide. Or, pour répondre aux besoins des personnes vivant avec un handicap, encore faut-il identifier ces bénéficiaires, savoir où ils vivent et quels sont leurs besoins. Sans cela, l’aide est le plus souvent accordée à un nombre restreint de personnes, généralement les plus visibles (et donc vivant en zone urbaine).

Malgré le caractère primordial de ces informations, de telles statistiques ne sont pas disponibles. Elles ne sont pas à jour et s’avèrent incomplètes, les données relatives au handicap ne faisant pas partie des informations collectées lors des recensements passés.

Le projet SUPEH est innovant parce qu’aucune solution n’avait encore été apportée à l’absence de données statistiques fiables, et parce qu’il s’appuie sur les nouvelles technologies. Cette plateforme numérique répond à un besoin avéré du gouvernement et l’aidera, à terme, à réaliser les objectifs de sa politique nationale en matière de développement et d’aide sociale.

Fort d’un partenariat de longue date avec certaines entités institutionnelles, le CJARC avait entamé des démarches de plaidoyer en faveur du projet SUPEH bien avant son lancement. Il a ainsi obtenu l’adhésion du Ministère des Affaires sociales (MINAS) et du Ministère des Postes et Télécommunications (MINPOSTEL), ce qui a ensuite favorisé le soutien d’autres partenaires techniques et financiers, dont la MEB.

 

Et pourquoi a-t-il besoin de plaidoyer ?

Le plaidoyer est nécessaire pour engager les différents ministères dans leurs rôles respectifs et pour promouvoir la base de données au niveau des mairies afin qu’elle soit largement utilisée. Il vise donc à transformer l’adhésion de principe des acteurs-clés en actes concrets.

Lors de leur séjour à Yaoundé, Thoma Vuilleumier et Alexandrine Meunier ont épaulés le CJARC lors de plusieurs rencontres protocolaires. Ces audiences avec les partenaires leur ont donné l’occasion de souligner l’importance du projet et de solliciter des appuis additionnels, afin de lever certains points de blocage.

ŸPar exemple l’audience avec Mme la Ministre des Affaires sociales et le Directeur de la Solidarité Nationale, afin que le MINAS concrétise son soutien de principe par un accompagnement financier. Ceci permettra d’étendre le projet SUPEH à l’ensemble des communes. En effet, la phase initiale de deux ans prévoit d’en cibler 30, alors que le pays en compte 370.

ŸOu encore la rencontre avec Mme le Maire de Kon Yambetta et le Sous-Préfet de la région. Le CJARC compte sur l’engagement et le dynamisme de la commune de Kon Yambetta pour encourager d’autres communes rurales à adhérer également au projet. Les mairies emploient les agents communaux chargés de recenser les personnes handicapées, ce sont donc les maires qu’il convient de convaincre en priorité de l’intérêt du projet.

 

Quelles retombées du plaidoyer ?

Le plaidoyer est un travail de longue haleine, qui prend souvent des années avant de porter des fruits. Le CJARC n’a de cesse de le pratiquer, et il a déjà pu célébrer quelques victoires. Celle, par exemple, d’assurer l’accessibilité des personnes handicapées de la vue aux élections au Cameroun. Le CJARC a ainsi reçu le mandat de transcrire et d’imprimer en braille les bulletins de vote des élections présidentielles de 2018, et municipales et législatives de février 2020.

Alexandrine Meunier

[1] Pour Suivi des Personnes Handicapées