Tout comme la MEB en Suisse, l’ONG Bartimée organise chaque été au Bénin un camp d’une semaine de vacances et d’édification pour les personnes handicapées de la vue. Cette année, il s’est déroulé du 16 au 22 août et a rassemblé une soixantaine de personnes autour du thème de l’amour de Dieu.
Quel que soit leur profil et leur âge, toutes les personnes handicapées de la vue sont confrontées à la solitude. Bien que certains reconnaissent qu’elle leur permet d’avoir des moments de réflexion, de lecture et de médication, la solitude est avant tout une source de frustration et d’ennui. Pour Régina, 31 ans, mariée et mère d’un enfant, c’est surtout l’exclusion qui cause chez elle un sentiment permanent de solitude. Comme pour la plupart des personnes entravées dans leur vision, le camp organisé par l’ONG Bartimée représente une oasis dans le désert :« Il nous fait ressentir, le temps d’une semaine, de la joie qui nous propulse à affronter des situations afin d’être entièrement intégrés dans une société mixte où se côtoient les personnes handicapées visuelles et non handicapées. »
Nous vous partageons le témoignage de deux autres participants au camp :
Guillaume, 31 ans, titulaire d’une licence en espagnol obtenue avant de perdre la vue :
« J’aime la solitude, seulement lorsqu’elle me permet de réfléchir et de trouver des solutions aux problèmes de la vie. Aussi, me permet-elle de méditer et de rechercher Dieu. Je reconnais que la solitude n’est pas une bonne chose. Je la pratique depuis que je suis devenu une personne handicapée visuelle (PHV). Elle m’amène parfois à penser au pire, c’est-à-dire le suicide. Elle fait d’ailleurs que je vieillis avant l’âge. La solitude est souvent liée aux actes d’exclusion qui est une conséquence des perceptions. On me croit incapable de tout. Avec le camp retraite et d’édification de Bartimée, j’ai partagé avec les autres PHV, leurs vécus du handicap visuel, puisque les perceptions ne sont pas les mêmes d’une communauté à une autre. J’ai rencontré d’autres personnes que je ne connaissais pas, et le fait que le camp réunisse des PHV et quelques participants qui voient, qui nous guident et échangent beaucoup avec nous, m’a permis d’expérimenter un réel épanouissement et une bonne intégration. »
Abigaïl, 27 ans, en classe de Terminale et mère célibataire d’une petite fille :
« J’ai eu le handicap visuel depuis mon enfance. C’est lorsque j’ai commencé à avoir le souci de m’intégrer que j’ai entendu parler de l’ONG Bartimée au cours d’une émission sur Radio Maranatha, en mars 2022. Depuis lors, j’ai été orientée pour continuer mes études que j’avais abandonnées depuis 5 ans. Avec ce camp, j’ai retrouvé l’espoir. Grâce aux échanges avec d’autres personnes qui sont handicapées de la vue comme moi, aux partages d’expériences, j’ai aussi vu qu’une personne aveugle pouvait associer les couleurs et réaliser de très grandes œuvres avec la fabrication des perles que d’autres participantes ont amenées. Je crois davantage qu’à partir de ce camp, l’avenir n’est plus perdu. »
Alexandrine Meunier