Éveil des sens et repos de l’esprit à la montagne
Quand mes amis ayant la vue m’annoncent qu’ils vont partir à la montagne et qu’ils s’en réjouissent, c’est avant tout pour goûter ou retrouver la beauté des paysages. Dans ce cas, pourquoi proposer à un déficient visuel de faire un séjour justement à la montagne ? N’y a-t-il pas mieux que de s’échiner à grimper, se cogner les pieds dans les rochers ou risquer de trébucher plus que de coutume ?
Et voilà que la MEB, toujours innovante dans ses projets, nous a invités à relever ce défi. Vivre un séjour à Leysin, à 1260 m d’altitude, avec pour fil conducteur : « la montagne dans la Bible».
La première rencontre se fait à la sortie de l’autoroute avec les premiers virages, les reprises du moteur quand les pentes deviennent plus fortes. On prend vite conscience que l’on va dans un autre environnement. Et puis, les odeurs changent : on sent l’odeur des arbres, le vent devient plus frais et l’air nous grise par sa pureté. Une fois le pied posé, on se rend bien compte que le sol n’est plus régulier et qu’il faut déjà monter une petite pente pour gagner la réception de l’hôtel. Les bruits sont aussi tout différents : les sons sont plus feutrés et le vent nous envoie quelques bruits de cloches des vaches qui paissent non loin de là.
Le cadre est posé : on va vivre un dépaysement d’une semaine et plutôt que de le craindre, je m’en réjouis, car la chaleur de l’accueil des membres me permet de l’aborder en toute confiance.
Une fois de plus, le programme nous promet de vivre des temps forts, de belles surprises et des échanges en profondeur. Associées aux excursions de l’après-midi, que nous pouvons vivre grâce à nos guides pleins d’attentions, les études bibliques du matin nous permettent de retrouver le sens fondamental de la montagne dans la Bible : un lieu où l’on se retire pour rencontrer Dieu face à face, ou cœur à cœur. A travers les différents monts abordés au cours de ce séjour, nous voyons que Dieu nous appelle à le rencontrer pour l’écouter, reprendre des forces et être renvoyés dans la vallée ou la plaine pour transmettre le message de l’évangile.
Cette expérience a été particulièrement forte : alors que je grimpais un pâturage et que ma guide s’est retirée pour prendre une photo, je me suis trouvée un instant seule goûtant le vent qui rafraîchissait ma peau chauffée par l’effort de la montée, caressée par les rayons du soleil et baignée d’un silence bienfaisant. Comme dépouillée de toute pollution sonore ou olfactive, je me suis sentie purifiée, mais aussi remise à ma juste place. Car l’imposante masse des montagnes, que l’on sent même sans voir, appelle à l’humilité. Le témoignage du guide de haute montagne, venu nous parler de son métier mais aussi de sa passion, me revient très clairement : devant la montagne, on est tout petit dans la main de Dieu.
Quand le temps change, nous prenons vite conscience que les éléments peuvent se déchaîner vite et fort. L’orage que nous avons essuyé nous a surpris par la violence de sa pluie et la résonnance de son tonnerre. Riche de plantes aux multiples odeurs, saveurs et principes actifs, la montagne nous appelle à la bienveillance et à la reconnaissance envers celui qui a tout créé.
De retour en plaine, je me sens fortifiée, renouvelée, mais surtout reconnaissante d’avoir pu vivre un séjour organisé avec tant de soins. Il m’appartient maintenant de transmettre autour de moi ce que j’ai reçu.
Valérie Jaeger