
Papy vit en République démocratique du Congo. Sa vie, marquée par sa déficience visuelle, est un exemple de ce que l’apprentissage du braille peut changer. Voici son histoire :
« Quand j’étais enfant, je subissais des stigmatisations à cause de ma malvoyance. On m’injuriait. J’étais découragé : comment continuer à vivre ? Comment affronter l’avenir ? A l’école, c’était très difficile, car je ne voyais pas au tableau. Je devais trouver quelqu’un qui me permettait de regarder dans son cahier pour recopier.
Un médecin a recommandé à mes parents de m’envoyer à l’institut pour aveugles. J’y ai appris le braille pendant trois mois, puis j’y ai entamé le cycle secondaire. C’est à 12 ans que j’ai pu lire la Bible en braille pour la première fois. Constater que c’est possible d’être en contact direct avec l’Evangile m’a encouragé, ça a changé ma perception de la vie : j’ai découvert que Dieu a un plan aussi pour les non-voyants, qu’ils ont droit au salut, qu’ils peuvent participer à la communion de l’Eglise. Ma vision des choses a changé.
J’ai pu m’engager dans mon Eglise, comme fidèle, et ensuite dans la chorale, la jeunesse et devenir secrétaire de mon Eglise. Les responsables ont constaté mon appel et m’ont encouragé à faire des études de théologie pour devenir pasteur, ce que j’ai fait. L’expérience du braille et la lecture de la Bible a permis cela : je pouvais tout faire sans me sentir frustré ou gêné par mon handicap.
Si je n’avais jamais été en contact avec le braille et la Bible, je continuerais à vivre dans le désespoir. Je ne serais pas qui je suis aujourd’hui, je serais resté au bas de la société, exclu.
J’ai toujours voulu aider les autres. Mon résidu visuel et l’Evangile sont les deux choses qui me poussent à aider. Cela fait 30 ans que j’évolue et travaille avec les personnes handicapées de la vue : je constate que les personnes qui viennent à nous en ayant perdu la vue portent beaucoup de désespoir. Mais lorsqu’elles rencontrent des personnes « comme elles » qui peuvent lire le braille, et qu’elles entrent en contact avec l’Évangile, elles sont encouragées et transformées petit à petit.
S’il n’y avait pas le braille, comment les aveugles pourraient sortir de la pauvreté ? Le seul moyen et le seul message qui peut apporter de l’espoir, c’est le braille et la Bible en braille. »
Aujourd’hui, Papy est pasteur, directeur de l’association Voir encore et secrétaire général de l’Union National des Aveugles du Congo. L’expérience que Papy a vécue, il la met à disposition des autres, pour qu’eux aussi puissent être encouragés et s’intégrer mieux socialement.
Propos recueillis par Thoma Vuilleumier
En soutenant notre action, vous permettez à des enfants et des adultes handicapés de la vue d’apprendre à lire le braille et de se construire ainsi un avenir.
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