Lorsque nous avons demandé à Pauline Matondo, bénévole au sein du comité de l’ONG « Viens et Vois » à Brazzaville, de donner son témoignage, c’est l’ensemble des membres de l’ONG qui fut touché par son parcours de vie. Actuellement enseignante de sport à l’Institut National des Aveugles du Congo, elle nous raconte comment Dieu a réitéré son appel à servir les personnes handicapées de la vue.
De 1989 à 1991, Pauline Matondo s’épanouissait dans son travail en tant qu’enseignante d’éducation physique dans le lycée de Mansimou, au Sud de la capitale. Lorsque le 25 septembre 1991, jour de la rentrée scolaire, elle quitta sa maison pour retrouver ses élèves, elle ne se doutait pas qu’elle trouverait porte close. En effet, le directeur de l’école lui annonça alors qu’elle avait été affectée ailleurs, sans pour autant lui indiquer clairement son nouveau lieu de travail. Lorsqu’elle se présenta au bureau d’inspection afin de lever le mystère, elle fut baladée de service en service jusqu’à ce que la nouvelle tombe : Pauline devra enseigner à l’Institut National des Aveugles du Congo, seule école spécialisée pour les enfants aveugles et malvoyants du pays. Le sang de Pauline ne fit qu’un tour. Elle informa son responsable hiérarchique qu’elle n’accepterait pas ce poste et refuserait de se rendre sur son nouveau lieu de travail.
Les semaines suivantes, Pauline Matondo s’occupa de son foyer, vaqua à ses activités personnelles mais refusa systématiquement de se rendre à l’Institut National des Aveugles où elle était pourtant attendue. Trois mois passèrent ainsi, jusqu’au matin où un homme se présenta devant sa porte et la supplia de rejoindre l’institut. Il s’agissait du coordinateur de l’éducation physique de l’Institut pour aveugles qui se trouvait bien démuni seul face à sa tâche et comptait sur Pauline Matondo pour enseigner avec lui. Cependant, Pauline n’était pas du genre à se laisser convaincre aussi facilement. Elle lui expliqua qu’elle n’avait jamais suivi de formation spécifique pour les enfants aveugles ou malvoyants et qu’elle serait bien incapable de dispenser des cours.
Usant de persévérance, le coordinateur se rendit plusieurs fois au domicile de Pauline pour la convaincre de rejoindre les cours. Il lui proposa alors de venir en observation et de la former à enseigner aux enfants handicapés de la vue. Petit à petit, Pauline entrevit une possibilité d’apprendre quelque chose sans pour autant devoir mener seule les cours d’éducation physique. Mais son cœur restait partagé. Elle décida alors de se rendre chez son pasteur pour lui demander conseil et prière. Elle lui dit : « Papa pasteur, prie pour moi car je suis bouleversée du choc que j’ai reçu. Je ne veux pas aller travailler parmi les aveugles : je ne saurais pas comment les enseigner. » A sa grande surprise, le pasteur lui répondit : « Essuie tes larmes, ne recule pas : c’est Dieu qui t’envoie. » Pauline fut déçue par la réponse du pasteur, car ce n’était pas l’appel qu’elle souhaitait pour son avenir. En son for intérieur, elle se disait : « Mais qui est ce Dieu qui m’envoie travailler parmi les handicapés de la vue ? » Fortifiée par la prière, elle décida néanmoins de se rendre à l’Institut National des Aveugles dès le lendemain matin.
Soutenue par le coordinateur de l’enseignement physique, elle se familiarisa avec le monde du handicap de la vue et apprit les techniques d’enseignement. Aujourd’hui, cet appel qu’elle a mis tant de temps à accepter est devenu sa destinée. Cela fait maintenant 27 ans que Pauline Matondo enseigne le sport aux enfants handicapés de la vue. Elle a rejoint depuis le comité de l’ONG « Viens et Vois », qui construit actuellement une école inclusive à Brazzaville. Quand nous demandons à Pauline Matondo quel message elle aimerait nous transmettre de son parcours de vie, voici ce qu’elle nous partage : « Aujourd’hui, je me sens à l’aise quand je suis aux côtés des enfants aveugles et malvoyants. Je trouve des avantages et aussi des inconvénients. Mais à l’avenir, je resterai avec les personnes vulnérables, car j’ai été choisie par Dieu le Père Tout-Puissant. Il m’a orientée, guidée et m’a montré le bon chemin. »