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Alain Décoppet a travaillé à la MEB pendant 38 ans. Spécialiste du braille reconnu dans toute la francophonie, il a consacré sa vie à servir les personnes atteintes dans leur vision. Aujourd’hui à la retraite, il publie l’histoire de la MEB dans un livre intitulé « La lumière brille dans les ténèbres ». Nous lui avons posé quelques questions.
Alain, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Alain Décoppet, je suis diacre dans l’Eglise Protestante du canton de Vaud, je suis marié et père de trois enfants et grand-père de trois petits enfants. Mon épouse s’appelle Myriam. J’ai travaillé pendant 38 ans à la MEB et j’ai pris ma retraite en 2018.
Pourquoi as-tu décidé d’écrire ce livre ?
Cela remonte à longtemps : j’ai toujours eu un certain sens de l’histoire et, pendant toute ma vie, j’ai mis des archives de coté au cas où quelqu’un voudrait écrire l’histoire de la MEB. Peu à peu, je suis devenu le plus vieux de l’équipe et on me demandait de faire des rétrospectives lors des anniversaires de la MEB.
Avant d’être embauché à la mission, j’avais travaillé déjà en 1970 à la MEB, pendant mes vacances, puis durant un stage de 5 mois avec Mademoiselle Huber, la fondatrice. J’ai connu par elle tout le passé de la MEB. Plusieurs personnes m’ont dit que je devrais écrire une histoire de la Mission. Entre 2015 et 2018, toute l’équipe s’est renouvelée et je me suis rendu compte que la jeune génération ne connaissait pas les gens qui avaient parfois travaillé pendant des années au service de la MEB.
J’ai commencé à écrire lorsque j’étais encore à la MEB, mais il y avait beaucoup trop à faire. Je me suis alors promis qu’à la retraite je m’y mettrai sérieusement. Cela m’a pris quatre ans de travail. Une fois le manuscrit terminé, j’ai contacté les éditions Unixtus, un petit éditeur avec une vision œcuménique, qui me semblait bien correspondre à la MEB.
Sur quelles sources est-ce que tu t’es appuyé ?
Tout d’abord, des écrits en braille de Mademoiselle Huber, qu’elle avait mis dans la bibliothèque et que j’avais décidé de protéger et conserver. Elle y raconte le tout début, dès 1930-31 jusqu’en 1940. Il y a des documents importants sur l’histoire de la MEB et sur la manière dont elle a commencé. Il y a aussi Madame Tille, qui est a rejoint la MEB en 1954, et qui avait constitué une archive du bulletin « Les échos de la MEB ».
Dans les archives de la MEB, j’ai pu m’appuyer sur les procès-verbaux des assemblées générales dès 1959. Grâce à cela, j’avais des documents fiables sur lesquels me baser. Depuis 1970, comme j’étais à la MEB, c’était plus facile : mon vécu et les archives sont devenus mes principales sources.
Peux-tu nous dévoiler un peu du contenu ?
J’ai choisi de raconter la MEB, non pas juste comme une suite de faits, mais au travers de ce que, moi, j’ai vécu. J’ai commencé par le premier jour que j’ai passé à la MEB, qui était une journée très importante pour moi : d’une part parce que j’ai rencontré Myriam qui est devenue ma femme et d’autre part parce que j’ai découvert la Mission où j’allais passer 38 ans de ma vie. Ensuite, je fais un retour en arrière pour parler de Mademoiselle Huber, la fondation de la MEB, Château d’Oex et l’Auberson. Puis viennent quatre chapitres sur Vevey, avec les différents secrétaires généraux. Je suis allé jusqu’en 2020. J’ai fait également un chapitre sur ceux que nous servons pour raconter la vie de ceux qui ne voient pas, les problèmes que rencontrent les personnes handicapées. Enfin, je reprends l’histoire, mais par thèmes : l’abécédaire, la Bible en braille, l’audio, l’Afrique, les camps ou encore le bénévolat. J’ai fait aussi des annexes qui présentent une cinquantaine de personnes qui ont marqués l’histoire de la MEB.
Pour nous donner un avant-goût, peux-tu nous raconter une anecdote ?
Une histoire à laquelle je pense et qui montre la situation précaire de la MEB à l’époque des débuts : Madame Tille se promène dans la buanderie de l’Hôtel Rosa, où est installée la MEB à l’époque. Elle voit un pot avec du marc de café. Le même jour, il y a une aide-bénévole qui vient d’arriver et Madame Tille décide de prendre le pot et de proposer ainsi du café. Elle fait donc le café, le sert et lorsque Mademoiselle Moulin remue son café, elle en sort un fil et dit « il y a à boire et à manger ! ». Mais ce n’est pas tout : elle trouve également… un perce-oreille ! Mademoiselle Huber, outrée, se demande ce que Madame Tille a bien pu faire. En réalité, des filles présentes dans l’hôtel avaient pris du marc pour laver leurs robes et l’avaient laissé là. C’est ce que Madame Tille avait trouvé. (rires)
Le livre « la lumière brille dans les ténèbres » est en vente au prix de CHF 32.-, si vous souhaitez le commander contactez-nous.
Propos recueillis par Ivan Souza